Baja Morocco 2024 – STAGE 2
Mardi 24 septembre –
La Baja 2024 est maintenant sous le signe du beau temps. Cette deuxième étape s’annonce tout aussi passionnante que la première. On a bien compris que la bagarre était engagée entre les différentes catégories. Comme hier, le départ de la première moto est fixé à 8h30 et à 9h00 pour les autos. Aucune liaison, puisque ce départ est donné au pied de l’hôtel. Au programme, trois spéciales. Une première de 115 kms, avec une liaison de 6 kms. La seconde de 66 kms et la troisième de 78 kms, avec une arrivée au pied de l’hôtel Nomad Palace.
La ES1 sera marquée au km 42,08 par un Oued ensablé, qu’il faudra descendre par une grande marche. Au km 56, les équipages se dirigeront vers un autre Oued en HP, sur plusieurs kms. Le piège qui avait été indiqué lors du briefing sera à cet endroit. Sébastien Delaunay avait prévenu au briefing « Faites très attention, car, vous serez entouré de sable mouvant. » Une fois sorti de ce piège, les concurrents trouveront une piste roulante qui devrait régaler les plus rapides. Cette poussière qui drape le sol depuis deux jours, au point d’effacer la piste principale, sera l’ennemi de tous. Stagnante entre les épineux, elle brouille les pistes déjà peu visibles. ES2. Il y aura plusieurs passages de dunettes, et d’herbe à chameaux, avant de s’élancer sur la ES3, de 78 kms, dont 33 de magnifiques dunes, aux couleurs ocre.
Dans les dunes, la ligne droite ne sera pas forcément le moyen le plus rapide pour relier un point à un autre. Les plus aguerris savent que les zones de sable plus sombres sont toujours plus porteuses, car, elles permettent de prendre plus d’élan jusqu’à la suivante. Voilà pour le plat du jour. Finalement, c’est un parfait condensé de ce que l’on peut trouver dans cette région.
Dès les trois premiers kms, quelques motards partent trop sur la gauche, alors que la piste était bien à droite. Déjà quelques minutes de perdues. Un quart d’heure plus tard, ils reviennent sur leurs pas à la queue leu-leu, dans la bonne direction. En revanche, les autos, ont tout de suite trouvé la bonne piste qui se dirigeait sur un beau plateau. Dans cette première partie de 66 kms, les concurrents allaient devoir changer de rythme en permanence, tant tôt, un peu plus lent, tant tôt en sprint. Un petit fait de début de course, 20 mn après le départ, l’équipage # 302 Optimus Cambier/Lurquin, stop leur véhicule. Un petit ennuie mécanique qui leur fait perdre un peu de temps. Le motard # 104 Amnay Hjji casse son moteur au km 45. Il est pris en charge par l’organisation pour le ramener au bivouac, afin qu’il puisse repartir avec un nouveau moteur, dès demain. Un peu de détente, pour celles et ceux qui travaillent au PC course. Nous avons la visite de Baja, la mascotte du Rallye. Intriguée par l’écran et les ordinateurs, elle découvre l’ambiance tendue, qui règne dans la salle.
Les motards filent à toute vitesse sur ces pistes sinueuses à souhait. Bernard Éric # 105 et Damien Derocq glissent à la vitesse d’un Cobra. Ils sont souvent solidaires entre eux, ils adoptent une discipline sans faille toujours associée par deux, mettant tout en commun pour affronter la difficulté. Si certains scrutent désespérément un passage plus rapide néanmoins plus dangereux qui pourrait vite virer au cauchemar. C’est très exactement ce qui est arrivé à l’équipage #203 SSV, Lacam/Felfino. Tout s’est passé dans le troisième tronçon, en un millième de seconde. Ce n’était pas une valse à trois temps, mais une valse à six temps ! Pirouette, cacahouète. Heureusement, plus de peur que de mal, l’équipage sort indemne, mais pas le pare-brise.
Coup dur pour le Toyota Overdrive Hilux # 301. À 14h00, il est arrêté sur la piste, pour un problème de direction assistée. À cette heure précise, le vent souffle de plus en plus sur Merzouga. Au même moment, l’hélico a un problème mécanique.
A 14h18, la décision est sans appel. Chris Armelin et le directeur de course décident d’arrêter la course. Tout est donc mis en œuvre pour prévenir les concurrents, afin qu’ils retrouvent rapidement le goudron. D’une part, rien n’est plus difficile que de rouler tout droit dans une tempête de sable, car les dunes et leur relief sont gommés, en un grand coup de vent. Du coup, on ne s’aperçoit même pas qu’on dérive. D’autre part, par mesure de sécurité, le rallye ne peut pas suivre son cours, sans son hélico. Deux éléments trop importants que les concurrents et les membres de l’organisation comprendront parfaitement.
# 204 Eric Galgani. SSV Can Am X3.
« Pour l’instant tout se passe bien. Dans cette première partie, il y avait pas mal de pièges à éviter. Eric Bersey, mon copilote fait un sans-faute. C’est important, surtout lorsque qu’il y a beaucoup de changements de caps, et des grosses saignées dangereuses. Cette année, j’ai la chance d’avoir dans mon équipe, mon fils de 15 ans. Il est d’ailleurs, très volontaire. La relève est donc assurée. En fait, c’est une affaire de famille, puisque mon épouse et mes quatre enfants me soutiennent depuis longtemps, dans toutes mes aventures. J’ai trouvé sage la décision d’arrêter la course, compte tenu de cette tempête qui était annoncée. Enfin, j’espère que nous n’allons pas commettre la même erreur de l’année dernière. Pour la petite histoire, nous avions fait un tonneau à un km de l’arrivée. Quoi qu’il arrive, j’espère être aussi présent sur le prochain Carta Rallye 2025. »
# 108. Charles-Edouard Cairel. KTM 450.
« C’est grâce au Père Noël que je fais de la moto. Mes premiers amours ont été l’Endurro, puis le Touquet, et tout dernièrement, ma participation au Hellas Rally Raid. Finalement, je commence à apprécier cette discipline. Elle me permet de vivre ma passion et de découvrir un environnement, qui parfois est hostile. Depuis le début de la course, je roulais avec mon copain Gauthier # 107. Mais à la suite d’une chute hier, le médecin a préféré le voir se reposer, toute la journée. J’espère le revoir demain à mes côtés. Un moment dans les dunes sur la troisième spéciale, je me suis retrouvé seul au moins pendant 10 kms. Comme Gauthier n’était pas là. Du coup, ça m’a fait bizarre de me retrouver seul dans cet environnement. Je sais que ma famille suit ma course, et surtout le plus petit. »
Gilles David
S/Presse Baja Morocco 2024